Partage du sacré et compétition confessionnelle entre chrétiens et musulmans (Méditerranée orientale)


Abstract: L'Islam e il cristianesimo si trovano in una situazione di vicinanza che induce, da entrambe le parti, un processo di distinzione. Il cristianesimo orientale di lingua araba ha alle volte tratto dall'esegesi musulmana i suoi metodi di argomentazione e alcuni suoi temi. Ritroviamo l'eco di queste questioni nell'erudizione del XVII secolo. La vicinanza tra Islam e cristianesimo è anche di natura antropologica: una stessa concezione del sacro attira i fedeli verso gli stessi santuari, dove compiono gli stessi gesti, seguendo un calendario agro-liturgico comune. Nonostante ciò, questa «condivisione del sacro» non deve celare il contenuto di rivalità e di distinzione che è in atto e la situazione di disuguaglianza tra i fedeli delle due religioni. In ultimo, dal XVII secolo, il rafforzo delle identità cristiane dovuto ai metodi e agli strumenti della Riforma, ha contribuito alla significativa diminuzione dei luoghi e dei momenti di condivisione del sacro tra cristiani e musulmani.

Lorsqu’on aborde la culture des chrétiens vivant sous l’islam, en Europe du Sud-Est ou au Proche-Orient, on est plus que partout ailleurs confronté à la question du mélange culturel et religieux, en premier lieu entre l’islam et le christianisme, mais aussi – il faut le souligner d’emblée – entre le christianisme latin et les christianismes orientaux.

Or, plus peut-être encore que dans d’autres aires géographiques, on s’est acharné dans cette partie du monde à suivre une démarche «culturaliste», ou essentialiste, cherchant à définir le noyau dur de ce qui constituerait une identité et une culture stables, aux contours tangibles, qui conditionneraient le comportement des individus qui y appartiendraient. Cette démarche est d’abord celle de théologiens et d’hommes de religion, qui, jusqu’à nos jours, occupent une place essentielle de prescripteurs dans l’histoire de chaque communauté confessionnelle et culturelle, voire nationale, de ces régions: insister sur les racines, encourager le retour aux sources, en appeler à la fidélité, définir les frontières fermes entre «nous» et «les autres», sont des opérations anciennes, mais qui se perpétuent jusqu’à nos jours. Elles ont d’ailleurs été renforcées et systématisées à partir du XVIIe siècle, à l’ère de la confessionnalisation, sous l’effet des Réformes protestante et surtout catholique, et des réactions orthodoxes puis musulmanes à celles-ci.

Mais la démarche de découper, classer, subdiviser les groupes humains et leurs caractères spécifiques a été aussi caractéristique des sciences humaines, donc de la modernité, à l’époque de la colonisation et des conflits de la décolonisation. Ethnologues et historiens se sont longtemps employés à établir des catégories et des sous-catégories de population, à dresser l’inventaire et à dénombrer les groupes minoritaires, ethniques, confessionnels, linguistiques, à en décrire les traits caractéristiques structurels et intemporels, qui les définiraient par rapport aux autres, voire en opposition avec les autres. Il est même arrivé que cette «science» anthropologique européenne contribue à construire des identités de toutes pièces, qui par la suite ont pu s’avérer meurtrières.

heyberger